vendredi 22 juillet 2011

Récit du Tour du Mont-Blanc (TMB)

L'idée de ce blogue était initialement de témoigner quotidiennement de ce périple peu banal pour moi qui s'est échelonné du 6 au 14 juillet 2011. Malheureusement, dans les refuges, en montagne, l'accès à Internet est plutôt rare. Mon compagnon de rando, René, et moi avons tout de même consigné par écrit au jour le jour nos impressions sur ce TMB en vue d'alimenter ce blogue à notre retour.

Quand René m'a proposé de l'accompagner pour faire cette méga randonnée, je dois avouer que je ne savais pas vraiment de quoi il en retournait. Le Tour du Mont-Blanc m'était inconnu. J'ai donc fait quelques recherches et j'ai eu le goût d'embarquer dans son projet, qui devenait pour moi un défi à relever.

Mon intérêt pour la randonnée est tout récent. Je m'y suis initiée l'automne dernier, et j'ai eu un réel engouement pour cette activité. J'ai fait des treks principalement au Québec. Même si les montagnes y sont magnifiques, elles n'ont pas le dénivelé de celles des Alpes. 

Avant d'entreprendre le TMB, en guise de préparation, nous sommes allés monter quelques montagnes, dont le Mont Lafayette, au New Hampshire, aux États-Unis. Le temps exécrable qu'il y faisait m'a permis de tester mon équipement et d'apporter quelques correctifs. Le dénivelé de ce mont est comparable à plusieurs étapes du TMB; cette randonnée a donc été un très bon préparatif.

Un incontournable pour René était de faire le TMB avec le sac à dos. Il existe de nombreuses formules pour le TMB, avec transport de bagages par voiture ou avec des mulets et des guides. Mes tentatives pour le faire changer d'idée sont demeurées vaines. Le sac à dos était un must. Celui que j'ai porté quotidiennement pesait entre 10 et 12 kilos, selon que mon lunch était mangé ou non, et mon eau, bue ou non (1l = 1kg)...

S'il est moins connu au Québec, en Europe, le TMB est très populaire. Ce sentier de longue randonnée encercle le massif du  Mont-Blanc, sur une distance d'environ 170 km avec 10 km de dénivellation totale en montée à travers une partie de la Suisse, de l'Italie et de la France (tracé en rouge sur la carte ci-dessous).



Il est possible de démarrer le TMB à partir de différents endroits. Nous avons opté pour un départ des Houches, dans la vallée de Chamonix, dans un sens antihoraire, pour une durée de 9 jours. Il existe le parcours classique du TMB, auquel des variantes sont proposées, c'est-à-dire des itinéraires alternatifs. En général, ces variantes présentent plus de défi et demandent une plus grande vigilance et plus d'habileté, notamment celles du col des Fours et de la fenêtre d'Arpette que nous avons empruntées, dont l'altitude est de 2 665 m. Nous sommes également passés par celles du col de Tricot et du Tour.

L'altitude des montagnes du TMB ne cause pas le mal des montagnes aux randonneurs, mais constitue toutefois un défi sportif.

Nous avons rencontré lors de notre TMB des gens de tout âge, je dirais de 12 à 72 ans, principalement des Européens pour qui la marche en montagne est un mode de vie.

Côté temps, nous avons été plutôt chanceux. Sept jours sur neuf de beau temps - les sept premiers jours-, la huitième journée avec des averses importantes, et un temps de bruine pour la neuvième journée, et ce, même si à tous les jours on nous annonçait des orages violents. Le temps peut changer vite dans ces montagnes, les nuages se déplacent rapidement, deviennent souvent menaçants, mais heureusement ne mettent pas toujours leur menace à exécution.

Refuges
Nous avons commencé à réserver nos refuges dès la troisième semaine de mai et un seul refuge était déjà complet. Nous avons rencontré des gens qui ont commencé à réserver un peu plus tard et qui n'ont pas eu les refuges convoités.

Les refuges offrent aux randonneurs  la demi-pension, c'est-à-dire le dîner (comprendre le souper), l'hébergement en chambre, petit dortoir ou dortoir, et le petit déjeuner, pour la somme d'environ 45 à 50 Euros, toujours un peu plus cher en Suisse. Pour un supplément, les gardiens de refuge offrent également ce qu'ils appellent le pique-nique, qui est en fait un lunch à emporter pour notre repas du midi.

Je dirais qu'en général les refuges sont très bien. Certains se distinguent par l'accueil chaleureux des gens qui y travaillent, par la beauté de leur site, certains par la qualité de la nourriture, d'autres par la propreté de leurs installations. Nous avons opté en général pour les petits dortoirs (4 ou 6 personnes) ou pour les chambres. Après une journée de randonnée, ce confort est bienvenu. L'idée de dormir avec des gens qui ronflent, qui se lèvent à toute heure, etc., ne nous était pas particulièrement réconfortante. Après tout, c'était quand même des vacances!!!

Itinéraire
Notre itinéraire du TMB s'est fait en neuf jours:
  • Étape 1: Les Houches - Chalet du Miage
  • Étape 2: Chalet du Miage - Refuge Nant-Borrant
  • Étape 3: Refuge Nant-Borrant - Refuge Les Mottets
  • Étape 4: Refuge Les Mottets - Maison Vieille
  • Étape 5: Maison Vieille - Refuge Elena
  • Étape 6: Refuge Elena - Relais d'Arpette
  • Étape 7: Relais d'Arpette - Trient (gîte du Mont-Blanc)
  • Étape 8: Trient - Montroc (gîte du Moulin)
  • Étape 9: Montroc - Chamonix
Nous avons pris à deux reprises le bus pour écourter nos journées, sinon il nous aurait fallu 11 jours pour tout faire à pied. Nous marchions déjà entre 6 et 8 h quotidiennement. Ces pauses-bus nous ont permis entre autres de visiter la belle petite ville italienne de Courmayeur, bien connue des skieurs.

  • Étape 1: Les Houches - Chalet du Miage - 6 juillet 2011





(N.B.: J'aimerais remercier ici M. Jean-Louis Pouliquen qui m'a gentiment autorisée à utiliser ses graphiques d'étapes. Il a fait le TMB en 2003 en parcourant à peu près les mêmes étapes que nous.)

Lorsque nous avons préparé notre itinéraire du TMB avant de partir, nous avions convenu que les randonnées des deux premières journées seraient de moindre importance. Devant la beauté des montagnes, enthousiastes et gonflés à bloc, nous avons revu à la hausse notre itinéraire. Donc au lieu de prendre le téléphérique la première journée, nous avons décidé de monter à pied vers le col de Voza,  le col de Tricot et le chalet du Miage. Dénivelé positif de 840 m et dénivelé négatif de 560 m.  La montée jusqu'au col de Voza est assez abrupte. 

Vue des Houches.


Vous remarquerez que les indications sont toujours en temps et non en distance. Les distances ont peu d'importance lorsque les dénivelés sont importants. En général, nos temps de marche correspondaient à ceux des indications.



Nous avons également emprunté une jolie passerelle au-dessus du torrent de Bionnassay.

Le col de Tricot que nous avons traversé.


Après la montée, la descente vers le chalet du Miage est assez raide et se fait en partie dans un pierrier jusqu'au chalet de Miage.


Le petit dortoir du chalet du Miage, très bien tenu.

René a littéralement dévoré la tarte aux myrtilles servie au souper.


  • Étape 2: Chalet du Miage - Refuge Nant-Borrant - 7 juillet 2011





  • Montée de La Frasse à Tré-la-Tête sous un soleil de plomb. Sommes partis un peu tard. Idéalement, nous ne dépasserons plus 7 h 30 ou 7 h 45 pour le départ en matinée. Dénivelé positif: 1047 m et dénivelé négatif: 1110 m.

    Nous passons au-dessus de la villes des Contamines.

    La descente jusqu'au refuge de Nant-Borrant est très abrupte et se fait à travers les racines et les roches.. Le coup d'oeil est toujours extraordinaire. La cascade de Combe noire est superbe.





  • Étape 3: Refuge Nant-Borrant - Refuge Les Mottets - 8 juillet 2011


  • Cette étape est parmi les plus longues et les plus difficiles. Dénivelé positif: 1300 m et dénivelé négatif: 900 m. 


    La montée vers le col du Bonhomme et le col de la Croix-du Bonhomme est assez rude et longue. Le pointde vue est toutefois superbe.

    Il fait plutôt froid  au col du bonhomme (2483 m), d'autant plus que le vent est de la partie. Il doit faire environ 10 degrés Celcius. On ajoute des pelures, question de ne pas trop geler.

    On y rencontre pour la première fois On y rencontre pour la première fois des gens qui font porter leurs bagages par des mulets (snif! snif!). 

    Le col des Fours est une variante du TMB, une des plus difficiles. La montée abrupte se fait à travers les roches. On déconseille cette variante par mauvais temps. Les indications sont vagues, et s'il y a de la brume, c'est sans doute très facile de s'égarer. On y voit les premières névées (neiges éternelles).


    La descente vers la ville des glaciers est plutôt longue, ville qui compte environ 4 bâtiments de bergers.


    Nous nous dirigeons ensuite vers le refuge des Mottets, à 30 minutes de marche de la Ville des Glaciers.



  • Étape 4: Refuge Les Mottets - Maison Vieille - 9 juillet 2011



  • La montée vers le col de la Seigne, col frontière entre la France et l'Italie, est assez forte. Dénivelé positif: 1000 m et dénivelé négatif: 750 m.
    Les sentiers en lacets qui conduisent au col de la Seigne.

    Certains athlètes font des portions de parcours en vélo.

    Au col de la Seigne se trouve un immense cairn, un cairn étant un amas de roches qui sert à délimiter le TMB ou, comme ici, sert à marquer une frontière.

    Le massif italien nous offre un des plus beaux points de vue du Mont-Blanc. Il apparaît comme un décor à l'horizon.

    Nous nous dirigeons vers le col Checroui, où se trouve notre refuge la Maison Vieille.

    Autour de notre gite, Maison Vieille, c'était un peu le bazar, comme disent les Français, mais c'est sans doute l'endroit où nous avons pris le souper le plus mémorable, parce que le repas était délicieux, copieux, que notre serveur était très sympatique et plutôt drôle et surtout parce que notre tablée d'une dizaine de personnes était d'une humeur festive. Ce sont des Français que nous avons rencontrés dans des refuges précédents. Les discussions sont très animées et portent, vous vous en doutez bien, sur nos étapes précédentes et celles à venir.
    Vue sur le massif à notre réveil.



  • Étape 5: Maison Vieille - Refuge Elena - 10 juillet 2011







  • Nous partons du col Chécroui et descendons à Courmayeur, cette petite ville italienne bien connue pour ses superbes pentes de ski. Nous y faisons du tourisme et en profitons pour y faire une cyberpause en raison de l'accès à Internet que nous y avons. De là, nous prenons le bus jusqu'Arnouva, où nous entreprendrons une montée vers le refuge Elena, un refuge confortable, mais sans plus.
    En descendant vers Courmayeur.



    En route vers le refuge Elena.

    Encore quelques névées à traverser.
    Certains refuges du TMB sont comme des hôtels, bien installés mais sans chaleur. Ainsi en est-il du refuge Elena. De plus, on nous désigne des tables pour les repas et n'avons pas le choix des convives. Une formule qui ne nous a pas plu particulièrement.

    Le refuge Elena offre cependant des points de vue superbes.



  • Étape 6: Refuge Elena - Relais d'Arpette - 11 juillet 2011







  • Nous sommes partis de bon pied du refuge Elena. La montée vers le Grand col Ferret fut assez rapide. Il est le col frontière entre l'Italie et la Suisse. Arrivés au refuge La Peule, nous avons pris une variante nous faisant passer par un sentier en balcon, beaucoup plus intéressant que par le classique qui nous aurait fait passer par la route. Désolée René d'avoir râlé un peu...Nous avons dîné à La Fouly et avons pris le bus jusqu'à Champex (s.v.p. ne pas prononcer le x, tout comme le x de Chamonix ou le z de Praz; après tout nous ne prononçons ni le x de prix ou de cheveux, ni le z de nez). À partir de Champex, nous suivons un petit ruisseau qui nous mènera au Relais d'Arpette, notre prochain refuge, en fait un hôtel qui offre des demi-pensions. Dénivelé positif: 700 m et dénivelé négatif: 900 m.


    Notre montée vers le Grand col Ferret fut assez rapide.





    La Fouly.

    Superbe point de vue à partir de La Fouly.


    Sentier emprunté qui longe un petit torrent pour se rendre au Relais d'Arpette.




  • Étape 7: Relais d'Arpette - Trient (gîte du Mont-Blanc) - 12 juillet 2011








  • La variante de la fenêtre d'Arpette est un segment du TMB réputé comme très difficile. On le déconseille par mauvais temps, et je peux comprendre pourquoi. Le sentier passe par un pierrier et de grosses roches, sur lesquelles il faut grimper. Elles sont pour la plupart recouvertes d'une espèce de lichen: je peux facilement imaginer le danger lorsqu'il pleut. Même si nous sommes partis très tôt, la température a vite atteint les 30 degrés, ce qui a augmenté la difficulté. Il faut donc être très prudent et vigilant  lorsqu'on emprunte cette variante. La veille de notre passage, une personne s'est renversé la cheville, et c'en était fini de son TMB, sans parler de la difficulté à regagner la vallée dans cet état.

    Le coup d'oeil est superbe lorsque nous arrivons à cette fenêtre d'Arpette, tant du côté de Val d'Arpette que vers le glacier du Trient. La descente est tout aussi difficile que la montée, d'autant plus que le soleil est de plus en plus fort.

    Trient est un petit village suisse. Dommage que l'envie d'y prendre une marche ne nous vienne pas :(





    La fenêtre d'Arpette est l'espèce de V au centre supérieur de la photo.


    Superbe vue lors de la montée.


    Voici les roches sur lesquelles il faut grimper pour parvenir au sommet.

    Nous voilà enfin au sommet! Bravo!!!

    Eh oui! Il faut maintenant redescendre...

    Pas plus facile que la montée finalement...




    On y parviendra c'est certain.

    Enfin, le charmant petit village de Trient.




  • Étape 8: Trient - Montroc (gîte du Moulin) 13 juillet 2011





  • Première journée de pluie. Les averses sont intenses dès le lever. J'hésite à partir faire la randonnée prévue, d'autant plus qu'avec le temps couvert et la brume, on ne verra rien. René décide tout de même de partir. J'ai la possibilité de prendre un car, puis le train et de faire du tourisme avant de me diriger vers le gîte. J'avais retenu cette option, mais lorsque je suis sortie du gîte, il y avait une éclaircie, suffisamment belle pour me convaincre d'entreprendre la randonnée. Ce que je fis. Nous avons donc fait la randonnée René et moi, à 1 h 30 d'intervalle et nous nous sommes rejoints en milieu d'après-midi comme convenu.

    La montée en forêt vers le col de Balme s'est très bien déroulée, mais l'humidité était à son max. Trente minutes avant d'arriver au col, j'ai eu droit à une averse en règle, d'une telle intensité que je n'y voyais rien au-delà de 20 m.

    L'itinéraire prévu était de passer par les aiguillettes de Posettes, ce que je n'ai pas fait, puisque je ne voyais rien de toute façon. Je me suis donc dirigée directement vers le gîte à Montroc, via la ville du Tour. René a suivi lui aussi le même parcours. Les photos ci-dessous sont celles qu'il a prises. On peut y voir entre autres le col de Balme, sans averse lors de son passage.
    Dénivelé positif de 1150 m et dénivelé négatif de 1000 m.


    En direction du col de Balme.
    Le refuge du col de Balme n'a pas la cote en matière d'hospitalité. J'ai tout de même pu y entrer quelques minutes, en attendant que la pluie se calme.
    On aperçoit la ville du Tour au fond de la vallée. On s'y dirige.


    Le gîte Le Moulin est plutôt sympathique. Nous goûtons pour la première fois à la tartiflette, spécialité savoyarde à base de pommes de terre, de crème et du fameux fromage Reblochon. Repas solide pour quiconque a une bonne dose d'énergie à dépenser...



  • Étape 9: Montroc - Chamonix - 14 juillet 2011








  • Dernière étape de notre TMB, celle qui nous mènera à Chamonix. On avait planifié de revenir aux Houches, mais nous avons modifié notre parcours en raison de notre intérêt à aller à l'aiguille du Midi, dont le téléphérique pour s'y rendre part de Chamonix.

    Le 14 au matin, petite bruine qui nous accompagnera toute la matinée. Nous prenons le parcours par les aiguillettes d'Argentière. Petite difficulté accentuée par la pluie: gravir toutes les échelles et les pas de métal pour ce passage. Ceux qui ont le vertige, s'abstenir! Nous décidons de ne pas passer par le lac Blanc étant donné le temps maussade. Nous descendons jusqu'à Chamonix, en passant par la Floria, qui nous permet une petite halte avec un couple français.

    Les aiguillettes d'Argentière.

    Les échelles, rampes et pas de métal qui servent à escalader les rochers sur le sentier. Coeurs sensibles, s'abstenir...

    La Floria, petit restaurant sympatique sur le passage du TMB.


    Chamonix à l'horizon.

    La belle Chamonix, surnommée Cham par plusieurs, est une charmante ville touristique qui vit des activités de la montagne, hiver comme été. Dix mille résidents m'a-t-on dit, mais jusqu'à 350 000 personnes y défilent hebdomadairement.

    À 7 h 30, le 15 juillet nous prenons le téléphérique vers l'aiguille du Midi, à 3842 m d'altitude, appelée ainsi du fait qu'elle indique le sud lorsqu'on la regarde du parvis de l'église de Chamonix. Voyez au loin les alpinistes qui marchent sur la crête de neige.

     De la terrasse sommitale de l'aiguille du Midi, on est très près du mont Blanc.

    L'aiguille du Midi vue de très près.

    Le mont Blanc est le sommet à droite de la photo. La journée de pluie du 13 juillet, il est tombé 50 cm de neige au sommet du mont Blanc.

    Faisait pas très chaud au sommet contrairement à la base. Quelques pelures de plus et on n'était pas si mal.
    Difficile de décrire toute cette beauté. Une image vaut mille mots.




    Les alpinistes se préparent.


    Nous avons repris le train vers Paris ce 15 juillet, et l'avion vers Montréal le 16 juillet.
    Fin de ce superbe voyage.

    1 commentaires:

    À 24 mai 2017 à 22:12 , Blogger Unknown a dit...

    merci pour votre récits, bravo!

     

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